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Journal de bord d’une ''Ehpadienne'' - Episode 6

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Bonjour les amis,
Comme promis voici l’épisode 5 du Journal de bord d’une Ehpadienne : « Le déconfinement »
Pour rappel : Marylène Holl-Friz vit en Ehpad. Elle est écrivain. Elle a 99 ans et a écrit et décrit sa vie quotidienne le temps du confinement et du lent déconfinement.
Nous suivons comme chaque semaine son récit. Texte d’une telle puissance qu’il est à lire et à relire.
Mme Holl-Friz.
Ensemble !

 
 
Journal de bord d’une Ehpadienne 6 : « L’Ehpad s’ouvre comme une fleur au printemps »

J’écris mes pensées tous les soirs sur un bout de papier (il en traîne beaucoup sur une table-bureau parmi objets usuels et fleurs). Ces mots d’un moment de vie que mes enfants liront plus tard. Ce n’est pas un cri d’alarme mais le plus souvent l’inepte constatation de la petitesse de l’humaine nature face au danger. Le moral, dans ce no man’s land bat de l’aile, au coucher mes yeux s’embuent. Un somnifère pourrait avoir raison de cette tristesse, s’il me permettait de me perdre dans l’oubli de tout.

Le lendemain, le réveil dolent, la toilette revigorante, le petit-déjeuner solide et lecture des journaux pour une heure et demie.

Les hôpitaux explosent d’arrivées, le corps médical est au bout du rouleau, mais tiendra le coup ; c’est dit ! Cependant quelques améliorations s’annoncent. La musique au balcon ou aux fenêtres grandes ouvertes nous est offerte par nos amis musiciens, Odile chanteuse alto et Bernard accordéoniste. Remontent des jardins, les sonorités de nos chansons préférées que nous chantonnons avec émotion.

Des bénévoles gendarmes et leurs épouses nous proposent des promenades dans l’enceinte de l’Ehpad, une première.

A présent, le skype ouvre les espaces famille. Instauré par ma fille aînée, ce ne sera pas le choix de mes trois autres enfants.

Il y aura aussi de belles lettres émouvantes, des trésors d’amour et d’amitié.

Des fleurs à Pâques et à la fête des mères, les visites de mon fils, autre façon de communiquer semaine après semaine. Il me photographie à chaque rencontre. On pourra nommer ces images «chemins de vieillesse ».

Au petit salon nous sommes à distance obligatoire de 1,5 m, la mesure de deux largeurs de table – désinfectée sous nos yeux. Ce sont des moments intimes où de nos esprits jaillissent autant de bêtises que de sérieux.

Visite de mes filles annoncées pour juin, juillet. Elles vont traverser la France, en espérant que le Grand Est soit vert sur la carte Pandémie.

Enfin …

Catégorie de l'article : Semaine Mercredi paroles d'ainés Nouveautés EHPAD
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